
ll n’est pas toujours aisé de se lancer dans l’étude d’un nouveau domaine naturaliste. Mais l’étude des libellules reste un domaine entomologique abordable par tous (assez peu d’espèces, souvent observables longuement et en journée).
Pour vous mettre le pied à l’étrier, voici deux espèces faciles à identifier et répandues, que chacun pourra observer à loisir et noter dès le tout début de saison… moyennant un tout petit effort de recherche.
Alors… histoire de bien débuter dans ce domaine entomologique et la saison 2025… à vos jumelles.
La Brunette hivernale

La Brunette hivernale ou Leste brun Sympecma fusca a pour particularité d’être la seule espèce de libellule à hiverner à l’état adulte sous nos latitudes. Les imagos peuvent donc voler en hiver, à la faveur de journées ensoleillées (date la plus précoce en Grand Est : le 4 janvier 2023). Si vous observez une libellule volante avant avril… rarement de doute donc. La ponte aura lieu au printemps (mars à mai), au sortir de l’hiver. La nouvelle génération émergera quant-à-elle à partir de juillet (PHENOLOGIE). Les mares et marais végétalisés, ou les berges d’eau calme avec hélophytes sont privilégiés.

Ce Leste a des couleurs brunâtre, et son abdomen est marqué d’un dessin de torpille couleur bronze sur chaque segment. Contrairement aux autres Lestidés, vert métallique et qui se posent les ailes en V (voir l’exemple du Leste vert), la Brunette se pose les ailes fermées : notez alors que les ptérostigmas, « décalés », ne se superposent pas. Les yeux sont plus ou moins colorés de bleu intense (A LIRE).
Il est largement répandu en Grand Est (CARTE), même s’il ne monte guère en altitude (DISTRIBUTION ALTITUDINALE). Aisé à reconnaître, il est néanmoins cryptique et parfois difficile à repérer dans les herbes jaunis des marais de plaine.
Petite Nymphe au corps de feu
La bien nommée Petite Nymphe au corps de feu Pyrrhosoma nymphula est également précoce puisqu’elle peut émerger dès début avril.. Elle vole majoritairement au printemps (PHENOLOGIE). Elle colonise les plans d’eau et les mares à toute altitude, mais aussi les eaux calmes (fossés, rivières phréatiques…). Elle est largement répandue (CARTE), y compris en altitude (REPARTITION ALTITUDINALE).
« Difficilement ratable », il s’agit du principal zygoptère à dominante rouge dans notre région. La femelle est davantage marquée de noir que le mâle.

ATTENTION
Vérifier bien que les pattes sont noires. Cela distingue la Petite Nymphe de l’autre espèce de zygoptère rouge, l’Agrion délicat Ceriagrion tenellum, qui a les pattes rouges (FICHE Nature22) et est plus estival (PHENOLOGIE).
Ce dernier est rare et localisé dans la frange Sud-Ouest du Grand Est (CARTE)… mais restez attentif… sait-on jamais !

Texte : Raynald Moratin (mise à jour de l’article paru dans Faune-Alsace infos n° 20 – mars 2020).
