
La découverte d’un adulte d’Aigle impérial le 27 août 2023 au Lac du Der de Chantecoq, dans la Marne, ne laissait pas présager que cet individu allait être vu régulièrement pendant plus d’un an et demi, et encore à ce jour.
Et pourtant, il est de nouveau observé en vol deux semaines après à Outines (à quelques centaines de mètres du lac) en interaction avec un jeune Pygargue et un Milan royal ! La semaine suivante, le 16 septembre, l’Aigle est de nouveau vu, toujours au lac du Der, cette fois posé ce qui laissera aux quelques observateurs présents une belle observation de plus deux heures !
Comment le reconnaitre ?
Notez ces critères qui le rendent facilement reconnaissable : Taille similaire à celle d’un pygargue (près de 2m d’envergure), avec une tête dorée et deux tâches blanches sur son dos. Le reste du plumage est presque uniformément brun.
La suite de son périple …
À partir de l’automne 2023, l’individu fréquente de nombreuses pièces d’eau du site Ramsar des Étangs de Champagne-Humide. Il fréquente ainsi le lac du Der, les étangs de Belval-en-Argonne (51), le lac d’Orient (10) ou encore l’étang de la Horre (10).
Fin 2023, l’Aigle impérial est vu presque exclusivement sur le lac du Der où il est en interaction régulière avec les Pygargues à queue blanche locaux. Bien souvent il vole et se pose à proximité des immatures. Certaines observations relatent des altercations pour des proies. Un observateur rapporte également l’avoir vu voler une Sarcelle d’hiver à un Faucon pèlerin qui venait de la capturer. C’est un comportement normal, le cleptoparasitisme est un comportement régulier bien documenté chez cette espèce. Le cleptoparasitisme décrit le comportement d’alimentation qui consiste à voler des proies à d’autres prédateurs.

L’Aigle sera régulièrement observé en 2024, mais moins fréquemment au printemps et en été. Le niveau d’eau des lacs, sites où il y a le plus d’observateurs, et le nombre réduit de proies sur ces derniers pourraient mener le rapace à s’en éloigner. Dès la fin de l’été et la baisse des niveaux d’eau du lac du Der et des lacs Aubois, « l’impérial » est de plus en plus observé sur ces espaces où il trouve proies et reposoirs à foison.
Début 2025, l’aigle est observé pour la première fois en dehors de la Champagne-Ardenne ! Il passe en effet quelques jours autour de l’étang de Lachaussée, dans la Meuse, avant d’être signalé de nouveau dans le secteur du lac du Der.
Tout son parcours à pu être retracé grâce aux observations transmises sur Faune Grand Est !
L’Aigle impérial en Europe
Originaire des plaines steppiques d’Europe de l’est et d’Asie, ce cousin de l’Aigle royal hiverne dans les plaines agricoles et les marais, pour les populations d’Europe de l’est, où il se nourrit de mammifères et d’oiseaux.
La population autrichienne d’Aigle impérial est en pleine essor et on y compte désormais plus de 40 couples après 190 ans d’absence ! Ce retour est à attribuer à l’expansion de la population vers l’ouest, expansion permise grâce à des mesures de conservations incluant une surveillance des nids et une lutte contre les principales causes de mortalité (Tirs illégaux, empoisonnements, collisions contre les éoliennes).
Avec l’hivernage complet d’un immature en Camargue durant l’hiver 2024/2025 et la présence de l’individu champenois, assistons-nous aux prémices d’une installation future de l’espèce ? Ce n’est sans doute pas pour tout de suite mais rêvons quand même !