
De la taille d’une Corneille noire, le Pic noir (Dryocopus martius) est le plus grand représentant des Picidés de nos forêts. En France, le Pic noir se répartissait autrefois principalement dans les régions montagneuses. Depuis la fin des années 1950, il est en expansion vers l’ouest. Aujourd’hui, il est commun sur tout le territoire en plaine même à basse altitude. C’est d’ailleurs l’une des rares espèces d’oiseaux qui se porte plutôt bien dans notre pays. En Champagne-Ardenne, il niche sur l’ensemble de la région, occupant aussi bien les grandes forêts que les boqueteaux, et même les alignements d’arbres.
Tout de noir vêtu
Le Pic noir, comme son nom l’indique, possède un plumage tout de noir luisant, hormis le sommet de sa tê te, entièrement rouge chez le mâle et qui se limite à la nuque chez la femelle. Ses yeux sont blanchâtres. Les jeunes au nid sont également sexables, leur plumage est quasi identique aux adultes, en plus terne. Il possède des mœurs diurnes et sédentaires. Il excelle dans l’art de grimper sur les troncs des arbres. Son régime alimentaire est principalement insectivore, se composant principalement de fourmis et d’insectes xylophages qu’il prélève en effectuant des perforations dans l’écorce.
Le Pic noir pousse des cris puissants et son tambourinage, obtenu par la percussion de son bec sur des troncs d’arbres secs peut ê tre audible à près d’un kilomè tre. Ses cris puissants émis en vol « kruu krru krru », ainsi qu’à son chant « Kouic kouic ouic ouic ouic ouic » rappelant un peu le Pic vert. Son tambourinage sonore caractéristique est audible au moins à 1 km. Aux alentours du nid, il émet également des cris ressemblant à s’y méprendre à ceux du Choucas des tours. En fin de matinée et dans la journée, il se fait plus discret.
Hêtre ou ne pas hêtre, là est… la loge
Le Pic noir établit son site de nidification dans la loge d’arbre, loge typiquement ovale qu’il creuse grâce à son bec puissant. La loge du Pic noir est facilement reconnaissable avec ses dimensions : une quinzaine de centimètre de hauteur pour une largeur d’une dizaine de cm. Pour creuser sa loge, le Pic noir privilégie systématiquement le Hêtre commun Fagus sylvatica. L’arbre choisi possède un diamètre de tronc de 45 à 50 cm minimum, sans branches basses : une manière de rendre plus difficile l’accès éventuel aux prédateurs terrestres comme la Martre des pins. Souvent la loge est située à environ 10 mètres du sol, mais d’autres situées plus bas dans l’arbre ne sont pas exceptionnelles. A dé faut de hêtres, il peut tout de même la creuser dans un peuplier, un platane ou un pin. Mais là où il y a des hêtres de bonne taille, il y a des Pics noirs à coup sûr.
Fini la crise du loge…ment
En effet, le Pic noir creuse préférentiellement sa loge dans un hê tre, et à dé faut dans une autre essence. Il peut y nicher plusieurs années de suite, mais bien souvent il en creuse une nouvelle à chaque saison de reproduction, souvent dans le même arbre. Il peut aussi s’installer volontiers dans une de ses anciennes loges présentes sur son grand territoire (environ 1 couple pour 200 hectares en Forê t d’Orient). Ainsi, au fil des années, plusieurs loges sont disséminées un peu partout sur son domaine, ce qui favorise de nombreuses espèces à plumes ou à poils pour se reproduire, et même des insectes, comme les hyménoptères.
La présence de ces espèces (rares pour certaines) dans une forê t est donc étroitement liée à la présence du Pic noir. Ainsi, le Pigeon colombin, la Nyctale de Tengmalm, la Chouette hulotte, mais aussi la Martre des pins, plusieurs espèces de chauve-souris, les frelons, les guêpes et les abeilles, seront présents et plus communs dans les forê ts où niche le Pic noir. Certes, toutes ces espèces peuvent se contenter de cavités naturelles, mais elles sont devenues rares.
Reproduction
Solitaire le reste de l’année, le Pic noir débute ses parades en février, période où les premiers chants et tambourinages se font retentir. Le couple parade de concert, se balançant la tê te et décrivant des cercles. La future loge de nidification peut être creusée en un mois par le couple. En avril, la femelle pond de 2 à 5 œufs. Même si elle couve, c’est surtout le mâle qui se charge de cette tache. Les jeunes nourris surtout par le mâle, quittent le nid à l’âge de 28 jours. Ils sont encore nourris quelques jours après l’envol, puis la famille se disperse dans toutes les directions.
Rédaction : LPO Champagne-Ardenne
Photo de couverture : Christophe Diana
Article paru dans Faune Champagne-Ardenne Infos N°31 – 1er juin 2023 au 31 août 2023